La crise de la Covid-19 a un effet d’accélérateur sur la prise de conscience nécessaire, au sujet de nos personnes aînées. Ce n’est pas consciemment que, en tentant de protéger les personnes âgées, nous les infantilisons. Est-ce un phénomène nouveau ? Malheureusement non. Ce qui est nouveau, c’est que des situations qui existaient bien avant la crise sont dévoilées au grand jour. Et que pour une rare fois, nous sommes appelés à réfléchir sur notre rapport au vieillissement, et à l’anxiété qu’il génère.
S’il est un concept dont nous entendons parler ces derniers temps, c’est celui de l’âgisme. Plutôt méconnu du grand public, l’âgisme commence à être mieux compris. Martine Lagacé, l’une des grandes spécialistes de l’âgisme, au Québec, a fait plusieurs apparitions dans les médias depuis le début de la crise. Elle déplore notamment les répercussions de l’âgisme sur l’estime de soi des aînés. La compréhension des phénomènes liés à l’âgisme passe également par les notions de communication intergénérationnelle, d’identité et de relations intergroupes.
L’âgisme, c’est d’abord l’exclusion de certaines personnes sur la base de leur âge. C’est aussi de considérer toutes les personnes âgées selon des critères uniformes. Par exemple, un comportement qu’on a beaucoup observé au cours des dernières semaines, c’est d’agir comme si toutes les personnes aînées étaient à risque, même si plusieurs de ces personnes sont en excellente santé.
Notre attitude face au vieillissement est révélatrice d’un profond malaise. Ainsi, face à l’angoisse de vieillir, il semblerait que nous adoptions une forme de distanciation psychologique. Notre société est ainsi segmentée : il y a des centres de personnes âgées, des résidences, des centres de soins de longue durée d’un côté, et de l’autre côté, on a des garderies, des écoles. On retrouve peu de lieux pour favoriser le dialogue entre les générations. De tout ceci découlent plusieurs questions et des débats de société sont à venir.
Pour en savoir plus à propos de l’âgisme, vous pouvez consulter cette page sur Radio-Canada. Plusieurs ouvrages de Martine Lagacé sont aussi disponibles aux Presses de l’Université Laval.
